jeudi 26 janvier 2017

Le Mexique d'OBAMA à TRUMP De la ruine à l'humiliation

chasse aux migrants, , 2 millions d'expulsions sous Obama

Le Mexique d'OBAMA à TRUMP 
De la ruine à l'humiliation




3 articles sur 3 aspects différents d'une même politique qui se prolongera d'Obama à Trump, celle de la ruine et du pillage d'un pays et de l'organisation d'un système de terreur visant à écraser le peuple mexicain
Depuis la privatisation du pétrole, principale richesse et garantie de son indépendance jusqu'à un Traité, l'ALENA , qui a ruiné les paysans mexicains..et les travailleurs américains
Continuité d'une politique avec la construction d'un mur de la honte, dont chacun oublie de dire qu'il existe déjà et que c'est Obama qui a commencé sa consstruction, comme il a lancé  contre les millions de travailleurs migrants

le mur d'Obama que veut prolonger Trump




Une autre continuité est à l'ordre du jour, celle de la jonction entre les centaines de milliers qui ont manifesté à Mexico contre une nouvelle augmentation du prix du carburant et les millions qui dans toutes les grandes villes américaines sont descendus dans la rue contre Trump

FUERA TRUMP, manifestation contre Trump à San Diego ( Californie ) 





Mexique. Privatisation de Pemex : réforme adoptée



Sous les cris de Mexique, Mexique et traîtres’, après vingt heures de débat, les députés ont adopté par 353 voix contre 134” la réforme qui met fin au monopole de l’Etat sur les ressources énergétiques, souligne le quotidien. Ce qui permettra en particulier l’ouverture de la compagnie pétrolière Petróleos Mexicanos (Pemex) aux investissements privés. Aucun des amendements proposés par la gauche n’a été adopté. Il s’agit d’une des nombreuses réformes controversées proposées depuis un an par le président Enrique Peña Nieto.


Le 20 décembre 2013, le Mexique a fait un bond de soixante-seize ans dans le temps quand le président Enrique Peña Nieto a annoncé une réforme constitutionnelle remettant le contrôle de l’industrie pétrolière aux mains des mêmes multinationales qui en avaient été écartées par le père de l’Etat moderne mexicain, le président Lázaro Cárdenas, en 1938. Cela faisait trois décennies que la clique de politiciens néolibéraux qui gouverne le pays échouait dans sa tentative de démanteler le monopole d’Etat de Petróleos Mexicanos (Pemex) et de privatiser la rente pétrolière. Mais en décembre dernier, presque sans aucun débat et comme un coup de tonnerre, il leur a fallu moins de deux semaines pour rassembler les votes nécessaires et accomplir cette transformation historique de la constitution mexicaine
Source : le monde diplomatique Mars 2014



L'ALENA, une arme de guerre contre les travailleurs américains et mexicains



Loin d’avoir offert de nouveaux débouchés aux entreprises américaines et de les avoir poussées à embaucher, l’Alena a favorisé les délocalisations industrielles et l’ouverture de succursales à l’étranger, en particulier au Mexique, où la main-d’œuvre est bon marché. Dans le secteur agricole, une multitude d’entreprises américaines spécialisées dans la transformation de produits alimentaires se sont également installées au Sud. L’affaiblissement des normes sanitaires et environnementales engendré par l’accord leur a permis de profiter des bas salaires mexicains. En effet, avant 1994, de nombreuses denrées alimentaires transformées au Mexique étaient interdites à l’importation aux Etats-Unis, car jugées dangereuses. Une seule usine mexicaine transformant du bœuf était alors autorisée à exporter ses produits au Nord. Vingt ans plus tard, les importations de bœuf mexicain et canadien ont augmenté de 133 %, poussant à la faillite des milliers d’agriculteurs (4).
Le déficit commercial des Etats-Unis avec le Mexique et le Canada n’a cessé de se creuser : alors qu’il atteignait tout juste 27 milliards de dollars en 1993, il dépassait les 177 milliards en 2013 (5). D’après les calculs de l’Economic Policy Institute, le déficit commercial avec le Mexique a abouti à une perte nette de 700000emplois aux Etats-Unis entre 1994 et 2010 (6). En 2013, 845 000 Américains avaient d’ailleurs bénéficié du programme d’« aide à l’ajustement commercial » (trade adjustment assistance),destiné aux travailleurs qui ont perdu leur emploi à cause des délocalisations au Canada et au Mexique ou de l’augmentation des importations en provenance de ces pays (7).
Non seulement l’Alena a diminué le nombre des emplois aux Etats-Unis, mais il a aussi affecté leur qualité. Les salariés de l’industrie licenciés se sont tournés vers le secteur déjà saturé des services (hôtellerie, entretien, restauration, etc.), où la paie est moins élevée et les conditions plus précaires. Cet afflux de nouveaux travailleurs a exercé une pression à la baisse sur les salaires. Selon le Bureau of Labor Statistics, les deux tiers des ouvriers licenciés pour raisons économiques ayant retrouvé un travail en 2012 ont dû accepter un emploi moins bien rémunéré. La baisse dépassait même 20 % pour la moitié d’entre eux. Sachant que, cette année-là, un ouvrier américain gagnait en moyenne 47 000 dollars par an, cela équivaut à une perte de revenu d’environ 10 000 dollars. Cela explique en partie pourquoi le salaire médian stagne aux Etats-Unis depuis vingt ans, alors que la productivité des travailleurs augmente.
Certains promoteurs de l’Alena avaient prévu, dès 1993, ce phénomène de destruction d’emplois et de tassement des salaires. Mais, assuraient-ils alors, l’opération devait demeurer profitable pour les travailleurs américains, qui pourraient acheter des produits importés moins cher et bénéficier ainsi d’une hausse de leur pouvoir d’achat. Sauf que l’augmentation des importations n’entraîne pas nécessairement une baisse des prix. Par exemple, dans l’alimentaire, malgré un triplement des importations en provenance du Mexique et du Canada, le prix nominal des denrées aux Etats-Unis a bondi de 67 % entre 1994 et 2014 (8). La baisse du prix de quelques rares produits n’a pas suffi à compenser les pertes subies par les millions de travailleurs non diplômés, qui ont vu leur salaire réel baisser de 12,2 % (9).
Mais les travailleurs américains n’ont pas été les seuls à pâtir de l’Alena. L’accord a également eu des effets désastreux au Mexique. Autorisés à exporter sans entraves, les Etats-Unis ont inondé ce pays de leur maïs subventionné et issu de l’agriculture intensive, engendrant une baisse des prix qui a déstabilisé l’économie rurale. Des millions de campesinos (paysans) expulsés des campagnes ont migré pour se faire embaucher dans des maquiladoras (10), où ils ont pesé à la baisse sur les salaires, ou ont tenté de passer la frontière et de s’installer aux Etats-Unis. L’exode rural a également exacerbé les problèmes sociaux dans les villes mexicaines, conduisant à une montée en intensité de la guerre de la drogue.
Selon M. Carlos Salinas de Gortari, président du Mexique au moment de l’entrée en vigueur de l’accord, l’Alena devait permettre de réduire le flux des migrants essayant de passer au Nord. « Le Mexique préfère exporter ses produits que ses citoyens », lançait-il en 1993, assurant que son voisin avait le choix entre « accueillir les tomates mexicaines ou accueillir les migrants mexicains, qui cultiveront ces tomates aux Etats-Unis ». En 1993, 370 000 Mexicains avaient rejoint les Etats-Unis ; ils étaient 770 000 en 2000 ; 4,8 millions d’entre eux y vivaient clandestinement en 1993 ; 11,7 millions en 2012...
Ces départs massifs s’expliquent notamment par l’explosion du prix des produits de première nécessité. L’usage croissant du maïs américain pour produire de l’éthanol a fini par engendrer, au milieu des années 2000, une augmentation des prix, lourde de conséquences pour le Mexique, devenu dépendant des importations agricoles américaines.
Le prix des tortillas — l’aliment de base dans ce pays — a bondi de 279 % entre 1994 et 2004 (11). En vingt ans, le prix des produits de première nécessité a été multiplié par sept ; le salaire minimum, seulement par quatre. Alors que l’Alena devait leur apporter la prospérité, plus de 50 % des Mexicains vivent aujourd’hui sous le seuil de pauvreté. Entre 1994 et 2014, le produit intérieur brut (PIB) par habitant du Mexique n’a augmenté que de 24 %. Entre 1960 et 1980, il avait bondi de 102 % (soit 3,6 % par an). Si le Mexique avait continué de croître à ce rythme, son niveau de vie serait aujourd’hui proche de celui des pays européens...



source le monde diplomatique Juin 2015



Le peuple mexicain sous la terreur des gangs et l'argent du crime,organisé et de la drogue dans les banques américaines et européennes



(*Le docteur lui a déclaré au cours d’un entretien : “Si la langue est coupée il s’agit d’une personne trop bavarde, un mouchard, ou “chupro”. On coupe le doigt d’un homme qui a trahi son clan. Un homme castré a dû coucher avec la femme d’un autre ou ne serait-ce que la reluquer. Les bras coupés peuvent indiquer que vous avez volé dans la marchandise qui vous avait été confiée, des jambes coupées que vous avez essayé de vous éloigner du cartel. La décapitation, c’est différent : elle tient de la démonstration de puissance, de l’avertissement adressé à tous, comme les exécutions publiques autrefois.“). 
C’est incroyable ça. Je lui ai évidemment posé la question et il pense qu’ils ne veulent pas résoudre les crimes, il a peut-être raison. Car la police travaille pour les cartels. Comme dans la ville de Cancun où des procureurs fédéraux ont estimé que 1 700 policiers travaillaient pour les Zetas, dont le chef de la police qui se faisait appelé “Le Viking”… Quand un cartel prend un territoire, il doit faire trois choses. La première, c’est de contrôler la police en l’infiltrant et en la menaçant. La seconde, c’est de contrôler les politiciens. Et la troisième, comme il ne faut pas que cette histoire soit écrite, il faut contrôler la presse. Mais ce qui change, c’est que les mafias “se décriminalisent” en partie car elles investissent leur argent dans l’économie légale. Un exemple, une partie de l’industrie du tourisme est détenue par les mafias via des prête-noms. La semaine dernière on a assassiné le ministre du Tourisme, c’est un message absolument clair : “le tourisme c’est nous“.






Vous évoquez la banque Wachovia qui a reçu selon les autorités américaines, entre 2003 et 2008, presque quatre cents milliards de dollars en provenance des “casas de cambio” (maison de change) mexicaines, dont cinq milliards en liquide…
Oui et plus récemment, il y a eu HSBC. Et là on parle d’environ sept milliards en cash en provenance du Mexique. En cash ! Ce sont littéralement des camions et des camions d’argent liquide. Et plus incroyable, quand ces banques ont été pincées par les autorités américaines, on leur a seulement dit : “Oh excusez moi (il tapotte sa main droite comme un adulte le ferait pour de faux à un enfant qui a fait une bêtise) Ne le refaites plus !” L’amende s’avère ridicule (160 millions d’euros) pour Wachovia, pour eux c’est le pourboire qu’on laisse après une bière. Wachovia fait partie du groupe Wells Fargo qui a coopéré avec l’investigation. Tout comme HSBC. Quand HSBC est passée devant la commission du Sénat à Washington, ils ont plaidé coupable. Et ils ont été épinglé pour encore davantage que Wachovia. Ils ont donné quatre milliards, c’est un bon pourboire. L’ancien chef exécutif d’HSBC, est maintenant ministre du commerce dans le gouvernement anglais : Lord Green. Le chef de HSBC Mexique, Paul Thurston a été promu. Soit ils sont conscients qu’ils blanchissent de l’argent sale, soit ils sont totalement stupides. Mais dans ce dernier cas, ils ne dirigeraient pas une banque




samedi 21 janvier 2017

De Clinton à Obama, ruptures et continuité des présidences américaines

De Clinton à Obama, ruptures et continuité des présidences américaines



Entretien accordé par le président William Clinton à la revue Limes en 1997 (extraits)
« Les États-Unis sont une puissance mondiale et ils ont des intérêts dans toutes les régions de la terre. [ ...] Nous ne sommes pas, et nous ne pouvons pas être les gendarmes du monde. Mais là où nos intérêts et nos idéaux le demandent, [...] nous agirons et, si c’est nécessaire, nous assumerons le rôle de leader [...], nous sommes décidés, en particulier, à favoriser le flot montant de la démocratie et du libre marché sur tous les continents [...] »
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Discours prononcé par le président Barack Obama à l’occasion de la remise du prix Nobel de la paix à Oslo en décembre 2009
« [...] On a vu naître la conception d’une « guerre juste », ce qui laissait à penser que la guerre n’était justifiée que lorsque certaines conditions étaient remplies : si on s’y résolvait en der- nier recours ou en cas de légitime défense ; si la force employée était proportionnelle ; et si, chaque fois que possible, on épargnait les populations civiles.[...] Toutes les nations – qu’elles soient puissantes ou faibles – doivent adhérer aux normes qui s’appliquent à l’usage de la force. Comme tout chef d’État, je me réserve le droit d’agir unilatéralement si cela s’avère nécessaire pour défendre mon pays. Néanmoins, je suis convaincu qu’adhérer à ces normes, à ces normes internationales, renforcent ceux qui le font, et isole et affaiblit ceux qui ne le font pas [...] ».
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2 textes importants,l'un étant l'extrait d'un entretien accordé par Bill Clinton en 1997 et l'autre étant le discours de réception du Prix Nobel de la Paix en Décembre 2009.
L'importance de textes tient d'abord au fait qu'ils émanent pour l'un de celui qui fut Président des États-Unis de 1993 à 2001 et pour l'autre de celui qui est l'actuel Président des États-Unis et ce depuis 2008.
L'importance de ces 2 textes tient aussi au fait qu'ils sont rédigés ou prononcés par ces 2 hommes dans le cadre de l'exercice de leur mandat,ils ont donc la valeur d'une déclaration de politique générale.
Ces 2 textes présentent de grandes similitudes,ils se situent tous les 2 dans un même cadre conceptuel,celui d'une réflexion sur la puissance mondiale des États-Unis,des responsabilités internationales qui découlent de cette puissance,mais aussi de l'étendue et des limites de l'exercice de cette puissance.
Malgré cette similitude,le discours d'Obama semble comporter une dimension morale et un souci du respect des normes du droit international qui sont absentes du discours du Président Clinton.
Peut-on en tirer la conclusion d'une rupture dans les principes qui guident la politique étrangère des États-Unis ?Il semble au contraire que c'est la continuité qui domine et que tout simplement cette continuité doit s'adapter à un cadre international bouleversé.
Entre les 2 présidences,la politique extérieure des États-Unis a été marquée par les conséquences mondiales des attentats du 11 Septembre , par l'émergence d'un monde multipolaire et la nécessité pour la puissance américaine de s'adapter à un monde bouleversé.
Première partie
Dans les 2 discours,il y a une contradiction qui exprime la profonde similitude entre la vision des 2 présidents.
Clinton affirme « Les États-Unis sont une puissance mondiale et ils ont des intérêts dans toutes les régions de la terre...à où nos intérêts et nos idéaux le demandent, [...] nous agirons et, si c’est nécessaire, nous assumerons le rôle de leader . »
2 affirmations importantes,celle de la suprématie mondiale de l'Amérique et le droit qu'ils se donnent d'intervenir partout dans le monde.
Il y a là l'affirmation d'une politique de défense qui ne peut se limiter à la défense de l'intégrité du territoire national,mais qui est conçue de manière extensive à l’échelle du monde entier.
Nous trouvons également dans ce discours la proximité,tout à fait éclairante entre les idéaux et les intérêts des États-Unis
Cette confusion entre idéal démocratique et lois du marché se retrouve dans cette affirmation «  nous sommes décidés, en particulier, à favoriser le flot montant de la démocratie et du libre marché sur tous les continents. »
La démocratie n'est pas conçue comme relevant de la souveraineté des peuples et de leur propre mouvement,mais elle devient un instrument de la politique étrangère des États-Unis et surtout elle est inséparable du « libre marché . »  et étendue à tous les continents.
Nous pouvons voir dans cette affirmation une conception particulièrement intrusive des relations internationales et la justification des 2 grands volets de la politique étrangère de Clinton qui s'expriment par le bombardement de la Serbie et la mise en place de l'ALENA .
Le discours d'Obama peut sembler différent,parce qu'il est rempli de considérations morales,de nombreuses références à des valeurs humanistes,n'oublions pas que ces préoccupations morales ont été exprimées par la quasi totalité des présidents américains et ont le plus souvent servies de justification à la guerre,contre le nazisme,le communisme ou l'Axe du Mal,l'Amérique s'est toujours présentée comme l' « Empire du Bien. ».
Dans ce discours,Obama parle de « guerre juste . Mais il justifie et assume les guerres menées par ses prédécesseurs
« Mais le monde doit se rappeler que ce ne sont pas que les institutions internationales, les traités et les déclarations, qui lui ont apporté la stabilité après la Deuxième Guerre mondiale. Quelques erreurs que nous ayons commises, la vérité toute simple est celle-ci : les États-Unis d’Amérique ont contribué à garantir la sécurité mondiale pendant plus de soixante ans par le sang de leurs citoyens et par la force de leurs armes. Le service, le sacrifice de nos hommes et femmes qui portent l’uniforme a promu la paix et la prospérité de l’Allemagne à la Corée et a permis à la démocratie de prendre pied dans des endroits tels que les Balkans. Nous avons assumé ce fardeau non pas parce que nous cherchons à imposer notre volonté, mais en raison de notre intérêt éclairé : parce que nous voulons un avenir meilleur pour nos enfants et nos petits-enfants, et que nous pensons que leurs vies seront meilleures si les autres enfants et petits-enfants du monde peuvent vivre dans la liberté et dans la prospérité.
Le monde a soutenu les États-Unis au lendemain des attaques du 11 septembre 2001, et continue d’appuyer nos efforts en Afghanistan, sur la base de l’horreur causée par ces attaques insensées et du principe reconnu d’autodéfense. Le monde avait pareillement reconnu la nécessité d’affronter Saddam Hussein quand il avait envahi le Koweït - un consensus qui a transmis un message clair quant aux conséquences de toute agression. »B Obama,discours de réception du Prix Nobel de la Paix
Nous voyons que dans ce discours de « paix . »,Obama assume totalement la politique impériale qui était aussi celle de Clinton.
Cette continuité avec la politique de Clinton s'exprime aussi lorsque Obama déclare « Comme tout chef d’État, je me réserve le droit d’agir unilatéralement si cela s’avère nécessaire pour défendre mon pays.. »
Tout a du sens dans cette affirmation,agir unilatéralement est contradictoire avec les normes du droit international dont il se réclame le défenseur.
Beaucoup plus grave est imprécision volontaire de la seconde partie de la phrase,où commence la « nécessité » ?Que signifie « défendre mon pays. » ? 
Les dirigeants américains ont toujours eu une vision mondiale de ce qu'ils appellent les intérêts vitaux des États-Unis,ces intérêts vitaux incluent le contrôle des ressources énergétiques,la défense des alliés et enfin la déstabilisation ou même le renversement de gouvernements hostiles ou suspects.
Seconde partie
Malgré les nombreuses similitudes entre les 2 discours,ils ne sont pas identiques,ils correspondent à des personnalités différentes,à une approche différente de traiter les grands problèmes du monde et surtout à un environnement international modifié en profondeur entre les 2 présidences.
Obama se retrouve dans une situation où la lutte contre le terrorisme constitue une préoccupation majeure à laquelle il doit faire face.
Sous les présidences de Poutine et Medvedev,la Russie a surmonté les conséquences de l'effondrement de l'URSS et retrouve un rôle actif dans les relations internationales.
Enfin,la puissance économique nouvelle de la Chine et l’émergence des BRICS ont contraint la puissance américaine a s'adapter à un monde devenu multipolaire.
Ce sont d'abord ces mutations qui expliquent l'écart entre les discours des 2 présidents.
L'insistance d'Obama sur le respect des normes internationales vise directement des groupes armés ou des États ne respectant pas ces normes.
Le discours d'Obama ne signifie aucunement que les guerres seront moins nombreuses ou plus limitées,mais qu'elles reposeront sur des coalitions constituées autour de valeurs morales partagées.
Ce type de justification de la guerre juste ou humanitaire peut présenter le danger de se transformer en guerre de civilisation et aussi d’apparaître comme de simples prétextes pour justifier le recours à la guerre ou des politiques agressives,comme celles des sanctions économiques prises contre la Russie.

vendredi 20 janvier 2017

Obama, le sourire de l'impérialisme

Obama, le sourire de l'impérialisme



Il faut bien l’admettre, ce type est vraiment formidable, beau gosse, souriant, avec l’élégance naturelle des grand prédateurs.
C’est simple, ce pauvre Hollande il a beau essayé toutes les poses et tous les costards, il a toujours l’air d’une cloche à coté de lui.
En plus, il a tout ce qu’il faut pour se fâcher avec personne, il est noir, mais pas complètement, un peu blanc quand même pour rassurer l’ Amérique profonde,un papa africain, un deuxième prénom musulman mais une foi chrétienne et plein d’amis juifs.
Il pourrait faire à lui tout seul la prochaine campagne de pub de Luciano Benetton.
Texte
Cet homme est un vrai progressiste, il se réclame de Jefferson mais très modérément et de Martin Luther King, mais de moins en moins souvent.

Un homme de paix assurément, qui lorsque il n’attaque ou ne bombarde ne cherche qu’à se défendre.

En attendant,les bombes sont tombées comme feuilles d'automne, sur la Syrie, l'Irak, l’Afghanistan et autres pays qui pour leur malheur se sont trouvés sur le chemin de la marche triomphale de l'Empire du Bien

I have a dream, cet homme a fait un rêve lui aussi,celui d’un état palestinien, moitié réserve indienne, moitié banthoustan, un état sans police, sans armée, sans même un territoire unifié, sans aucun des attributs de la souveraineté, une prison à ciel ouvert pour laquelle il faudra encore attendre quelques années,le temps de convaincre l’allié israélien qui pour l’instant poursuit tranquillement la colonisation, le vol des terres palestiniennes et le blocus de Gaza.

Cet homme,se serait inspiré de la campagne de Ségolène,ce qui n’est pas seulement ridicule mais un peu inquiétant et servirait de modèle à nos socialistes,ce qui n’a rien de rassurant.

Je veux bien admettre que les raisons de nous prendre pour des truffes soient nombreuses et variées,mais il y a trop longtemps que chacune des déclarations de nos politiques est une insulte à l’intelligence.

Même avec Obama, la Maison Blanche ne fut pas tout à fait un foyer de l’humanisme et l’ OTAN n’est pas exactement une organisation humanitaire.
En attendant des jours meilleurs, la tendance est plutôt à la marche forcée vers le pire.

Les milliards de dollars tombent comme une pluie bienfaisante sur les capitalistes et les spéculateurs et la misère et les licenciements sur le reste du monde.

Le budget militaire américain a atteint un niveau qui ferait passer Bush pour un dangereux pacifiste, les troupes et les armes de l’Otan se déploient autour de la Russie et de la Méditerranée à l’ Océan Indien , c’est l’ Orient tout entier qui est menacé par la guerre,l’ effondrement des États et le chaos.

Ne nous y trompons pas,le genre de crise économique et financière dans laquelle nous sommes entrés est de celles qui ne trouvent d’issue que dans la guerre et le déchaînement de la violence.

Les Russes et les Chinois ne semblent pas convaincus des intentions pacifiques de la nouvelle Administration Trump et sont en train de renforcer leur potentiel militaire pour parer à toute éventualité.

Quelques récents défilés militaires à Moscou ou Pékin ont été l’occasion d’impressionnantes démonstrations de force ,pendant que la Chine faisait savoir qu’elle en avait assez de combler le déficit américain par l’achat de Bons du Trésor qui ressemblent de plus en plus à de la fausse monnaie.

Heureusement que ces types ne rigolent pas avec le réchauffement climatique et la défense de la nature.

Quelques mauvais esprits feront remarquer que le rentier à poil dur semble à ce jour l’espèce la mieux protégée , mais au rythme actuel de destruction des emplois industriels, on sent l’imminence de la victoire de la friche, le retour à la bonne vieille sauvagerie grand bond en arrière si cher à nos écolos.

On sent bien que tout ce cirque ne sauvera jamais le moindre pingouin, mais cela tient nos bobos en haleine et pendant que ces crétins s’asphyxient à pédaler au milieu des embouteillages,le monde peut cheminer doucement vers l’abîme.
Comme vous, j’aimerais imaginer Obama en ami des fleurs et des oiseaux, assis comme Blanche Neige au milieu de nos amis de la forêt,mais malheureusement je crois qu’il se fout totalement des arbres et des bêtes et que la banquise pourrait fondre comme un glaçon sur une terrasse de la Canebière, il s’en ficherait tout autant.

Il y a bien sur toutes ces foutaises à propos du commerce équitable et du développement durable, quelques paniers en osier tressé et des motopompes, le village de Kirikou comme modèle économique pour nourrir 900 millions d’Africains,cela coûte tellement moins cher que des grands travaux hydrauliques ou la construction de réseaux d’eau potable.

Oui vraiment, cet homme avait tout pour être un type formidable, la culture,l’intelligence,le charisme, l’envergure, toutes ces qualités qui font les grands hommes et qui manquent cruellement à ce pauvre Hollande et puis aussi le sens de la morale, pas du genre à jouer la bougie à l’anniversaire d’une bimbo de 18 ans ou à se déguiser en pompe à essence pour amuser les jeunes stagiaires de la Maison Blanche.

Si seulement il n'avait pas été le Président des États-unis, si seulement son beau visage souriant n’était pas celui du principal dirigeant de l’impérialisme.

mardi 17 janvier 2017

La présidence de Trump débute, encore une fois Europe et Amérique, une histoire inachevée

La présidence de Trump débute, encore une fois Europe et Amérique, une histoire inachevée


Au moment où Ttump vient de signifier aux Européens, la place qu'il entend leur assigner, il est utile de relire ces lignes écrites par Trotsy sur les rapports entre l'Europe et l'Amérique.
Que veut le capital américain ? A quoi tend-il ? Il cherche, dit-on, la stabilité. Il veut rétablir le marché européen dans son intérêt, il veut rendre à l'Europe sa capacité d'achat. De quelle façon ? Dans quelles limites ? En effet, le capital américain ne peut vouloir se faire de l'Europe un concurrent. Il ne peut admettre que l'Angleterre et, à plus forte raison, l'Allemagne et la France, recouvrent leurs marchés mondiaux, parce que lui-même est à l'étroit, parce qu'il exporte des produits et s'exporte lui-même. Il vise à la maîtrise du monde, il veut instaurer la suprématie de l'Amérique sur notre planète. Que doit-il faire à l'égard de l'Europe ? Il doit, dit-on, la pacifier. Comment ? Sous son hégémonie. Qu'est-ce que cela signifie Qu'il doit permettre à l'Europe de se relever, mais dans des limites bien déterminées, lui accorder des secteurs déterminés, restreints, du marché mondial. Le capital américain commande maintenant aux diplomates. Il se prépare à commander également aux banques et aux trusts européens, à toute la bourgeoisie européenne. C'est ce à quoi il tend. Il assignera aux financiers et aux industriels européens des secteurs déterminés du marché. Il réglera leur activité. En un mot, il veut réduire l'Europe capitaliste à la portion congrue, autrement dit, lui indiquer combien de tonnes, de litres ou de kilogrammes de telle ou telle matière elle a le droit d'acheter et de vendre. Déjà, dans les thèses pour le 3e Congrès de l'I.C., nous écrivions que l'Europe est balkanisée. Cette balkanisation se poursuit maintenant. Les Etats des Balkans ont toujours eu des protecteurs dans la personne de la Russie tsariste ou de l'Autriche-Hongrie, qui leur imposaient le changement de leur politique, de leurs gouvernants ou même de leurs dynasties (Serbie). Maintenant, l'Europe se trouve dans une situation analogue à l'égard des Etats-Unis et en partie de la Grande-Bretagne. Au fur et à mesure que se développeront leurs antagonismes, les gouvernements européens iront chercher aide et protection à Washington et à Londres ; le changement des partis et des gouvernements sera déterminé en dernière analyse par la volonté du capital américain, qui indiquera à l'Europe combien elle doit boire et manger... Le rationnement, nous le savons par expérience, n'est pas toujours très agréable. Or, la ration strictement limitée qu'établiront les Américains pour les peuples d'Europe s'appliquera également aux classes dominantes non seulement d'Allemagne et de France, mais aussi, finalement, de Grande-Bretagne. L'Angleterre doit envisager cette éventualité. Mais maintenant l'Amérique, dit-on, marche avec l'Angleterre ; il s'est formé un bloc anglo-saxon, il existe un capital anglo-saxon, une politique anglo-saxonne ; l'antagonisme essentiel du monde est celui qui divise l'Amérique et le Japon. Parler ainsi, c'est montrer son incompréhension de la situation. L'antagonisme capital du monde est l'antagonisme anglo-américain. C'est ce que montrera de plus en plus nettement l'avenir.
Certes, les conditions historiques sont différentes et pourtant ces lignes restent d'une brûlante actualité et expriment les rapports réels entre les classes que les fanfaronnades de Merkel ou Hollande ne pourront plus longtemps dissimuler.
Une période historique s'achève, celle où pour ses propres besoins, l'impérialisme américain a pris en charge la reconstruction économique de l'Europe et du Japon
La légende d'une construction européenne conduite pour assurer la paix et la prospérité va se fracasser sous nos yeux et le vieux conflit, le conflit fondamental de notre temps, celui pour la domination mondiale, va resurgir avec une force et une violence inconnue depuis des décennies
Sous la menace de la révolution et face à l'effondrement de tous les États bourgeois et pour la nécessité où ils se trouvaient de reconstituer un marché mondial, les États-Unis ont du reconstruire l'Europe et restaurer ainsi l'ancienne division du travail
Ce faisant, ils faisaient aussi renaître le vieil antagonisme entre l'Europe et l'Amérique et aussi entre les États européens eux mêmes
La puissance économique et commerciale acquise par l'Allemagne est un problème pour les autres bourgeoisies européennes, mais aussi et cela est beaucoup plus grave pour Mme Merkel, pour les États-Unis eux mêmes.
Ce que dit Trump aux européens, c'est d'abord qu'il va leur ramener à leur vraie place, engager une guerre impitoyable contre eux pour réduire leurs parts du marché mondial, ces cochons d'européens devront payer et payer le prix fort.
Ce qu'il leur dit aussi, c'est que cette guerre sera menée sans accords , ni traités qui puissent limiter la puissance américaine.
Derrière l'unité de façade maintenue par les traités, l'Europe est en ruines et surtout les vieux antagonismes entre bourgeoisies européennes trouvent leur expression au sein même de l'Union européenne
L'idée d'un développement harmonieux et synchrone des économies de la Grèce, de l'Italie et de l'Allemagne est depuis longtemps à ranger au rayon des accessoires, demandez simplement à M Tsipras ce qu'il en pense, vous le trouverez à genoux et faisant semblant de diriger un pays affamé.
M Trump est donc partisan d'accords bilatéraux avec chacun des 'acteurs' européens, jouant les uns contre les autres, utilisant l'Angleterre ou l'Espagne et concentrant ses coups contre l'Allemagne et la France
Quant à la Russie, M Poutine sera ravi de rendre à l'Europe la monnaie de sa pièce, mais surtout le projet de Trump n'a rien d'amical et prépare d'immenses bouleversements
Non seulement la pression militaire sur la Russie, comme sur la Chine sera maintenue et accentuée, mais surtout il va exiger de la Russie comme de la Chine l'ouverture totale de leurs marchés aux capitaux et aux entreprises américaines et pousser jusqu'à leurs ultimes conséquences la restauration du capital dans ces pays
Nul doute que dans cet objectif, il trouvera des appuis solides au sein même des fractions les plus corrompues des oligarques russes ou des bureaucrates chinois

Bien entendu, ces bandits voudront se payer sur la bête et se trouverons dans l'obligation de reporter sur des millions d'hommes et de femmes le poids de leur crise
Dans leur agonie, ils tenteront à coups de réformes de frapper encore la classe ouvrière et la jeunesse, de s'attaquer plus encore aux salaires, aux retraites, aux régimes de protection sociale
Il le feront alors qu'ils sont tous rejetés et honnis par leurs peuples, ils le feront dans une situation de dislocation de toutes leurs institutions et représentations politiques
Ils le feront dans une situation où la lutte de classes peut surgir à tout moment sous une forme qui menace leur domination même
Comme le disait Trotsy en 1926, révolution et contre révolution sont à l'ordre du jour en Europe et dans le monde
Nul n'en connaît l'issue, sinon que le malheur s'abattra sur les vaincus


dimanche 15 janvier 2017

L'ombre des choses et la lumière des mots

L'ombre des choses et la lumière des mots

Toute littérature,même lorsque son objet en semble éloigné,recèle un rapport intime avec le désir;il y a une poétique des corps comme il y a une réalité charnelle et charmeuse dans la magie des mots.
Le langage poétique est toujours une entreprise de séduction, l'intimité de l'être s'expose dans ses plus beaux habits, les mots s'assemblent comme les perles d'un collier, l'or ,l'ivoire et la soie dans leur éclat et leur chatoiement et le nacre des dents,un même écrin pour les mots et les baisers
Celui qui parle, celui qui écrit, les mots que l'on cherche et les paroles que l'on trouve, c'est toujours un voyage,celui d'une flèche lancée pour percer les cœurs,s'immiscer dans les rêves ou prendre pied sur le sable mouillé qui borde l'océan de nos pensées.
Homère ,qui est le père de toute littérature, qui a tissé la trame de toutes les tragédies, Homère ,l'inspirateur de tous les poètes,avait toujours des mots tendres pour la chair.
Dans la mêlée furieuse, au milieu du fracas des belles armes, avant que le corps des guerriers ne tombe lourdement dans la poussière, quelques mots et parfois de longues phrases où s'exprime la pitié pour la chair , si fragile et si belle sous les lourdes armes de bronze.
Toute chair doit être sublimée, rien n'est jamais possédé vraiment,s'il ne l'est aussi dans nos rêves, si le secret de sa gloire et de sa beauté ne nous sont révélés par la poésie qui est en nous avant d'être dans les livres
Que serait l'amour sans Roméo et Juliette, quel sens auraient nos vies sans le triste héros de Cervantès et comme toute quête paraît misérable à coté de la sienne ,pourtant sans espoir.
« Ce sera la fin de toute chair « disent les Écritures et pourtant par les mots elle atteint l'éternité et le sublime.
Tout ce qui est digne d'être vécu est aussi digne d'être écrit, le point du jour et l'aube qui se lève sont le linceul de nos rêves, c'est de la poussière éparse de nos rêves perdus à jamais que nous faisons cette pluie d'or qui danse devant nos yeux ,dans la lumière du soleil.
Que les Dieux nous prêtent vie ,mais surtout que cette vie soit belle,qu'elle soit frangée de pourpre,rougissante comme une jeune mariée ou fardée comme une catin,mais que chaque jour soit un lambeau d’éternité
Léon Belhassen

dimanche 8 janvier 2017

Gatsby le magnifique et son double monstrueux

Gatsby le magnifique et son double monstrueux




The great Gatsby, c'est d'abord un roman écrit en 1925 par Scott Fitzegerald, un peu plus d'une centaine de pages si je m'en souviens.
Un roman , qui comme tous les grands romans , à sa propre musique, une musique douce et triste qui vous laisse un sentiment de mélancolie.
Un beau roman, magnifiquement écrit, avec une infinie délicatesse dans la peinture des sentiments et un portrait attachant, celui de ce Gatsby assez fou pour avoir cru à ses rêves. D'autres portraits, celui de cette Daisy, indigne objet d'un amour impossible, meurtrière par négligence et désinvolture, l'insoutenable légèreté de l'être, au sens le plus littéral du terme
Il y a une histoire d'amour entre le cinéma et la littérature et des tentatives glorieuses et d'autres un peu moins pour incarner les héros de Shakespeare, d'Hugo, ou de Fitzgerald.
Il y a ce film de Jack Clayton, réalisé en 1974, Robert Redford et Mia Farow qui parviennent à faire vivre jusque dans la moindre de leurs expressions l'esprit de ce roman, un grand moment de cinéma qui vous donne l'envie de vous replonger dans le roman.
Mais il y a aussi les barbares et les truands, si au moins ceux là pouvaient rester chez eux, dans leur monde, plein de stridences et de couleurs criardes, où nulle poésie ne pourrait survivre.
Cela est bien connu, les barbares ont des  rêves d'invasions et de ruines fumantes, alors ils viennent fureter autour de nos grands auteurs, avec la rage et la haine de trouver quelque chose de trop grand  pour eux, quelque chose qui les dépasse.
Alors, ils s'emparent de Roméo et Juliette ou des Misérables, sous les applaudissements et les vivas de tous ceux qui voudraient que nos enfants ne connaissent plus les grandes oeuvres que réduites à un pauvre état d'opéra rock ou de comédie musicale.
Ces chacals, ces tueurs de mémoire se sont emparés  de Gatsby et ce pauvre Di Caprio, qui n'a pas toujours la chance de croiser Martin Scorcese,  a été recruté pour cette mascarade.
Rien n'y manque, le hip hop, la pyrotechnie, tout un bazar clinquant et saturé de bruit jusqu'à la nausée.
Tout y est, mais jeté en vrac, il n'y manque que l'esprit, que les quelques minutes de repos permettant la contemplation, que la beauté des textes
C'est curieux comme ces gens sont incapables de faire vivre la moindre émotion, comme si leur pauvre tête remplie de poudre blanche et d'un vide sidéral était incapable d'écouter la musique du monde.
Sourds et aveugles sont ces brutes virevoltantes et colorées s'écrasant comme des bouses multicolores  dans l'océan de néant qui les attend.
Restons sereins et tranquilles, ces gens ne sont rien, pas même les ténèbres ou une menace, juste le reflet du vide dans un miroir

Jacques Belhassen

Quelques extraits du roman de Fitzgerald


Il a dû sentir qu'il venait de perdre à jamais son ancien monde de lumière, que c'était le prix à payer pour avoir trop longtemps vécu prisonnier d'un seul rêve. Il a dû s'étonner d'apercevoir, entre les feuillages devenus hostiles, un ciel qu'il n'avait jamais vu; trembler de découvrir à quel point la rose était un objet grotesque, à quel point le soleil criard écrasait les jeunes pousses de gazon. Un monde nouveau, concret et pourtant irréel, où de mornes fantômes, ne pouvant respirer qu'à travers leurs songes, dérivaient au hasard - tel ce personnage surnaturel, au visage de cendres, qui glissait vers lui parmi les troncs informes.

Quand je m’avançai pour prendre congé je m’aperçus que le visage de Gatsby avait repris son expression d’ahurissement comme si un doute vague se levait en lui sur la qualité de son bonheur actuel. Presque cinq ans ! Il devait y avoir eu des instants, même en cet après-midi, où Daisy ne s’était pas montrée à la hauteur de ses rêves – non pas par sa faute, mais à cause de la colossale vitalité des illusions de Gatsby. Elle l’avait dépassée, elle avait tout dépassé. Il s’était jeté en elle avec la passion d’un créateur, l’accroissant sans répit, l’ornant de toutes les plumes brillantes qui lui tombaient sous la main. Rien n’est comparable au volume de feu ou de fraîcheur que l’homme peut emmagasiner dans son cœur spectral.

Le visage clair de Daisy se levait lentement vers lui, et il sentait son coeur battre de plus en plus vite. Il savait qu'au moment où il embrasserait cette jeune fille, au moment où ses rêves sublimes épouseraient ce souffle fragile, son esprit perdrait à jamais l'agilité miraculeuse de l'esprit de Dieu. Il avait alors attendu, écouté encore un moment la vibration du diapason qui venait de heurter une étoile, puis il l'avait embrassé, et à l'instant précis où ses lèvres touchaient les siennes, il avait senti qu'elle s'épanouissait comme une fleur à son contact, et l'incarnation s'était achevée.

Les 2 adaptations de Gatsby, trouvez l'erreur



mercredi 4 janvier 2017

«J'ai vu les cendres Hiroshima, la ville escamotée par la bombe atomique» Leur fin à eux tient de la magie. En une seconde, ils sont passés du règne animal au minéral.


Documents d' Histoire
Les bombardements atomiques d' Hiroshima et de Nagasaki
Présentation
Le 6 et 9 Août 1945, les villes japonaises Hiroshima et Nagasaki subissent les premiers bombardements atomiques de l'Histoire.
Nous avons rassemblé dans ce dossier documentaire des témoignages sur ces bombardements et l'ampleur des destructions de vies humaines qu'ils ont provoquées.
Nous avons joint à ce dossier des témoignages et des points de vue d' historiens, en particulier sur les raisons pour lesquelles les États-Unis ont pris la décision de procéder à ces frappes atomiques contre des populations civiles.
S'agissait-il de contraindre le Japon à capituler, d'épargner la vie de centaines de milliers de soldats américains qui auraient été sacrifiés dans un assaut terrestre contre les villes japonaises ?
Une autre hypothèse est avancée, celle de la volonté des États-Unis d'affirmer leur suprématie militaire et d'adresser un avertissement à l'URSS. Selon cette hypothèse,le bombardement d' Hiroshima et Nagasaki serait le premier acte de la Guerre froide et de la confrontation entre les 2 grandes puissances victorieuses.
Les 2 explications ne sont pas contradictoires et peuvent être exposées sans être mises en concurrence, elles sont les 2 facettes d'une réalité historique complexe qui intègre bien d'autres éléments.
Pour conclure ce dossier,nous y avons joint l'article qu'Albert Camus a publié le 8 Août 1945 dans le journal Combat.
Un article qui se termine par cet avertissement, «  Devant les perspectives terrifiantes qui s'ouvrent à l'humanité, nous apercevons encore mieux que la paix est le seul combat qui vaille d'être mené. Ce n'est plus une prière, mais un ordre qui doit monter des peuples vers les gouvernements, l'ordre de choisir définitivement entre l'enfer et la raison. »
Document 1

«J'ai vu les cendres Hiroshima, la ville escamotée par la bombe atomique»

Vue de l'avion, ce qu'on appelle l'aire atomique, et qui constitue un cercle de plus de trois kilomètres de rayon, ressemble à une énorme tache de pelade. A l'exception de quelques rares bâtiments, tout a été anéanti, réduit en cendres ou en poussière. La terre est comme scalpée. Hiroshima a été littéralement escamoté par la bombe atomique.
Le champignon atomique au dessus de la ville d'Hiroshima le 6 août 1945.
En même temps que leur ville, soixante mille habitants ont été volatilisés au moment de l'explosion de la bombe. Dans les semaines qui ont suivi, soixante mille autres sont morts, soit de leurs blessures, soit par l'effet des radiations atomiques. Une seule bombe et 120.000 humains* sont rayés du monde des vivants. A-t-on le droit de presser sur un bouton pour qu'il y ait cent mille âmes de moins à l'autre bout du monde? demandait Pascal. II a la réponse aujourd'hui.

Ici fut une ville

Je commence à être un connaisseur en ruines pour n'en avoir que trop vu. Je peux dire si une ville a été démolie au canon, à la bombe explosive ou à la bombe incendiaire. Les villes, elles aussi, quand elles sont mortes de mort violente, ont un cadavre qui est éloquent. Il retrace les circonstances de leur trépas. Celui Hiroshima ne dit rien. Et c'est peut- être, à première vue, la moins émouvante de toutes ces affreuses carcasses que la guerre a à son tableau.
Pour s'émouvoir sur les ruines d'une cité, il faut pouvoir retrouver l'image de ce qu'elle était, florissante. Même lorsqu'il ne reste que des collines de pierres, comme c'est souvent le cas sur les bords du Rhin, l'esprit rebâtit le paysage disparu. On revoit le boulevard planté d'arbres, la cathédrale et son parvis, la grand ‘rue et ses magasins. A travers l'absurde chaos que l'on a sous les yeux, on devine ce qui fut la raison et que la guerre a assassiné. Ici, on ne retrouve rien. Les villes japonaises, à cause de la fragilité de leurs constructions, ne laissent qu'un minimum de décombres. Mais quand elles sont soufflées par la bombe atomique, il n'en reste qu'un résidu infime.
II semble que les maisons aient été aspirées vers les entrailles de la terre
Ce qui fut le centre de Hiroshima, ce n'est plus aujourd'hui que le tracé d'une ville, un plan à l'échelle zéro, où les rues et les jardins sont indiqués par une autre couleur que les maisons. Voilà l'impression que reçoit le visiteur quand il arrive dans le centre de Hiroshima. II semble que les maisons aient été aspirées vers les entrailles de la terre. Tout ce qui est friable, la brique, les tuiles, le bois, voire le béton, a été réduit en poussière. En contemplant ces lieux désolés, je pensais au Jardin des Philosophes, de Kyoto, que j'avais visité la veille, et dont les Japonais sont si fiers. Mais celui-ci est autrement propice à la méditation. On y rencontre la notion du néant absolu.
Un homme parcourt les ruines d'Hiroshima en cendres.
Quand on se promène sur ce rivage maudit, planté de squelettes d'arbres et coupé de bras de mer encombré de vestiges de ponts, on découvre les traces d'une vie récente et qui pourtant n'a plus d'âge. Voici, par exemple un gros caillou brillant qui pourrait être un morceau de roche. Si vous y regardez de plus près, c'est un vase en verre de couleur dont les parois se sont soudées brusquement. Mais il y a d'autres témoignages: des ferrailles où se reconnaît encore la main de l'homme. Les plus communs sont des ustensiles de cuisine, qui ont été laminés, et des bicyclettes. Celles-ci se sont convulsées sous le cataclysme et chacune de leur roue est un chrysanthème en fil de fer.
Tout est pire que détruit: tout est éteint, et pourtant sur ce sol d'où il semble que la sève se soit retirée, quelques humains s'obstinent à vivre. Ici, un peu de fumée s'échappe d'une cabane en planches, là du linge sèche sur une corde, voici des enfants qui jouent parmi les cendres. On se demande pourquoi la guerre se donne tant de mal puisque la vie est indestructible.

Le «Soleil de la Mort»

Lorsque l'avion revint un peu plus tard sur les lieux pour noter les résultats, l'équipage n'en croyait pas ses yeux, m'a dit un expert américain rencontré à Hiroshima. Ce qui, un moment plus tôt, était une surface bâtie était devenu un désert.
La surprise de l'équipage se comprend d'autant mieux qu'il ignorait la mission qu'il venait accomplir. Seuls trois de ses membres étaient dans le secret: le pilote, un officier de marine qui avait participé à la fabrication de l'engin, et le bombardier, l'homme-qui-a-pressé-sur-le-bouton. Quant aux autres, ils savaient seulement qu'ils venaient accomplir un bombardement d'une nature particulière pour lequel on les avait munis de lunettes noires très épaisses.
L'équipage de l'avion SuperFortress B-29 Enola Gay après le largage de la bombe atomique sur Hiroshima. Le pilote le colonel Paul W. Tibbets est au centre.
Une lumière aveuglante accompagne, en effet, l'explosion de la bombe, laquelle est parachutée de façon à ce que l'avion ait le temps de sortir de la zone d'atomisation. L'explosion se produit à environ cent mètres du sol. Le cataclysme se déroule ensuite avec une rapidité effrayante. Il se forme d'abord ce que les techniciens ont appelé le «globe de fusion» et que les Japonais nomment le «Soleil de la Mort». C'est une masse incandescente qui a environ cinq cents mètres de diamètre et dont la température est de 2.000.000 de degrés. Tout ce qui est vivant dans un certain périmètre est instantanément carbonisé. C'est comme si l'on portait un fer rouge dans une fourmilière.
Cette formidable élévation de température dans un endroit donné provoque un phénomène atmosphérique dont le mécanisme est le même que celui des moussons, mais infiniment plus violent. L'air environnant reçoit un «choc de mouvement» (is shocked in to motion), c'est-à-dire qu'il est précipité vers les régions plus froides à une vitesse de 1.500 km. à l'heure, alors que les plus forts ouragans ne dépassent pas 500 à l'heure. Dans l'espace atomique, tout est soufflé par cette tornade. En dehors, soit à plus de trois kilomètres de son point de départ, elle produit encore des dégâts considérables.
Ce n'est pas tout. Il y a encore un troisième effet qui est la radiation atomique contre laquelle on ne saurait être protégé par un mur en pierre d'un pied d'épaisseur. Les troubles qu'elle provoque dans l'organisme sont encore mal connus. Ce qu'on sait, c'est qu'elle affecte le système sanguin et détruit les globules blancs. Le sang ne coagule plus et les victimes présentent des symptômes d'hémophilie. Des habitants Hiroshima qui n'avaient reçu aucune brûlure, aucune contusion, sont morts par centaines dans le mois qui a suivi l'explosion,




À Nagasaki

Leur fin à eux tient de la magie. En une seconde, ils sont passés du règne animal au minéral.
Nagasaki offre le même spectacle que Hiroshima, avec cette différence que la bombe est allée tomber en bordure de la ville et n'a ainsi détruit en totalité qu'un faubourg extérieur. Aussi le chiffre des morts a-t-il été beaucoup moins élevé. On en compte seulement quarante mille. Ici aussi, on a enregistré quelque deux mille disparus. Ce sont les gens qui, au lendemain de la bombe, ne figuraient ni parmi les morts ni parmi les vivants. Leur fin à eux tient de la magie. En une seconde, ils sont passés du règne animal au minéral.
On voudrait savoir des survivants l'effet qu'a produit sur eux cette féerie mortelle et comment elle se déroule. Mais ce qui a dominé chez eux, c'est un sentiment de panique qui a oblitéré sur le moment toutes leurs autres facultés. Il faut être à l'affût d'un spectacle pour le bien enregistrer, sans quoi c'est l'impression de surprise qui prime tout. A plus forte raison quand à s'agit d'une boule de feu descendue sur la terre. On ne peut tirer des témoins qu'une phrase, toujours la même: «On aurait dit comme un soleil aveuglant.»
.
Un petit garçon dans les ruines de Nagasaki après l'explosion de la bombe atomique le 9 août 1945.
Le P. Monfrette, infatigable et souriant, enseigne l'amour du prochain aux enfants catholiques de l'endroit, petites figures jaunes auxquelles la misère, et parfois des traces de brûlures, donnent un air vieillot et cruel.
«Ce sont des âmes comme les autres», dit-il en tapotant ces crânes noirs.
Des âmes comme les autres, et aussi des enfants comme il y en a tant d'autres de par le monde. Toute une jeunesse qui grandit parmi les ruines et qui respire un air écœurant de vieux charnier. Ils ont partout les mêmes loques, le même visage souffreteux et un peu fourbe, parce qu'après avoir rusé avec la mort, il leur faut maintenant ruser avec la misère. La seule notion de vie sociale qu'ils aient déjà, c'est qu'il faut tendre la main à l'étranger en lui montrant ses plaies, si on a la chance d'en avoir. Le toit d'une prison sera peut-être un jour le premier cadeau que leur fera la civilisation.
Par James de Coquet.
Article paru dans Le Figaro du 18 janvier 1946 (extraits)


Document 2


Même sans les bombardements atomiques,la suprématie aérienne sur le Japon aurait été suffisante pour les amener à une reddition sans conditions et évité le recours à une invasion. Basé sur une enquête minutieuse de tous les éléments, et confirmé par les témoignages des dirigeants japonais impliqués encore en vie, nous pensons que… le Japon aurait capitulé même si les bombes n’avaient pas été larguées, même si les Russes n’étaient pas entrés en guerre contre le Japon et même si aucun plan d’invasion n’avait été prévu ou envisagé.
Source : United States Strategic Bombing Survey 1946
Document 3
Le 7 mai 1945, lorsque le maréchal Jodl signa l’acte de capitulation de l’Allemagne nazie, son allié, le Japon impérial, n’était déjà plus que l’ombre de lui-même : son arme d’élite d’autrefois, l’aviation, ne comprenait plus qu’un petit nombre d’adolescents désespérés mais prodigieusement courageux, et dont la plupart étaient assignés à des missions kamikazes ; il ne restait pratiquement plus rien de la marine marchande et de la marine de guerre. Les défenses antiaériennes s’étaient effondrées : entre le 9 mars et le 15 juin, les bombardiers B-29 américains avaient effectué plus de sept mille sorties en subissant seulement des pertes minimes.
Le 10 mars précédent, plus de cent vingt-cinq mille personnes avaient été tuées ou blessées lors d’un bombardement sur Tokyo. Un événement, seulement dépassé dans l’horreur par les trois raids des aviations anglo-canadienne et américaine sur Dresde, dans la nuit du 13 au 14 février 1945. Pour le patron de l’US Air Force, le général Curtis Le May, il s’agissait de « ramener le Japon à l’âge de pierre », métaphore qu’il répéterait sans cesse les années suivantes pour décrire la liquidation physique de dizaines de milliers de Coréens par ses chefs d’escadrilles.

Source:Le monde diplomatique
Document 4
L'horreur atomique
"Au moment de l'explosion, l'énergie a été libérée sous forme de lumière, de chaleur, de radiations et de pression. La bande entière des radiations, depuis les rayons X et gamma, les ultraviolets et les rayons visibles, jusqu'à la chaleur rayonnante des infrarouges, se propagea à la vitesse de la lumière. Une onde de choc, créée par l'énorme pression, se forma presque instantanément autour du point d'explosion mais se déplaça plus lentement, approximativement à la vitesse du son [environ 300 m/s]. Les gaz surchauffés qui constituaient la boule de feu primitive s'étendirent et montèrent plus lentement encore. (...) L'éclair ne dura qu'une fraction de seconde, mais son intensité fut telle qu'il causa des brûlures du troisième degré sur la peau humaine non protégée dans un rayon d'un kilomètre et demi. (...) Dans le voisinage immédiat du point zéro [point du sol se trouvant exactement au-dessous de l'explosion], la chaleur carbonisa les cadavres et les rendit méconnaissables."
Rapport de l'État-Major américain, sans date, à propos d'une des deux explosions nucléaires
.source:Histoire Terminale Nathan 1998
Document 5
« CE QUE J'ÉCRIS EST UN AVERTISSEMENT AU MONDE ENTIER ».
Les docteurs s'effondrent en plein travail. Risques de gaz mortels ; tous portent des masques. (De notre envoyé spécial Burchett).
A Hiroshima, trente jours après la première bombe atomique qui détruisit la ville et fit trembler le monde, des gens, qui n'avaient pas été atteints pendant le cataclysme, sont encore aujourd'hui en train de mourir, mystérieusement, horriblement, d'un mal inconnu pour lequel je n'ai pas d'autre nom que celui de peste atomique. Hiroshima ne ressemble pas à une cité bombardée. Elle fait penser à une ville sur laquelle serait passé un monstrueux rouleau compresseur, qui l'aurait broyée, anéantie à jamais (...).
Dans ces hôpitaux, j'ai découvert des gens qui, tout en n'ayant reçu aucune blessure au moment de l'explosion, sont pourtant en train de mourir de ses mystérieux effets.
Sans raison apparente, leur santé vacille. Ils perdent l'appétit. Leurs cheveux tombent. Des taches bleuâtres apparaissent sur leurs corps. Et puis ils se mettent à saigner, des oreilles, du nez, de la bouche. Au début, les docteurs attribuèrent ces symptômes à une faiblesse généralisée. Ils administrèrent à leurs patients des injections de vitamine A. Les résultats furent horribles. La chair se mit à pourrir autour du trou fait par l'aiguille de la seringue. Et, chaque fois, cela se termina par la mort de la victime. C'est là un des effets différés de la première bombe atomique lancée par des hommes et ce que j'ai vu m'a suffi (...).
On a dénombré 53.000 morts. 30.000 autres personnes sont portées disparues, ce qui signifie qu'elles ont succombé sans aucun doute possible. Pendant la journée que j'ai passée à Hiroshima, 100 personnes sont mortes des effets de la bombe : elles faisaient partie des 13'000 blessés graves de l'explosion. Depuis, elles meurent, à la cadence de 100 par jour. Et, vraisemblablement, toutes sont condamnées. Il y en a encore 40'000 autres qui ont été légèrement blessées (...)."
source :W. Burchett, Daily Express, 5 septembre 1945. Traduction : Révolution, 2 août 1985.
Document 6
La réaction de Camus au bombardement Hiroshima
« Le monde est ce qu'il est, c'est-à-dire peu de chose. C'est ce que chacun sait depuis hier grâce au formidable concert que la radio, les journaux et les agences d'information viennent de déclencher au sujet de la bombe atomique. On nous apprend, en effet, au milieu d'une foule de commentaires enthousiastes, que n'importe quelle ville d'importance moyenne peut être totalement rasée par une bombe de la grosseur d'un ballon de football. Des journaux américains, anglais et français se répandent en dissertations élégantes sur l'avenir, le passé, les inventeurs, le coût, la vocation pacifique et les effets guerriers, les conséquences politiques et même le caractère indépendant de la bombe atomique. Nous nous résumerons en une phrase: la civilisation mécanique vient de parvenir à son dernier degré de sauvagerie. Il va falloir choisir, dans un avenir plus ou moins proche, entre le suicide collectif ou l'utilisation intelligente des conquêtes scientifiques.
En attendant, il est permis de penser qu'il y a quelque indécence à célébrer ainsi une découverte, qui se met d'abord au service de la plus formidable rage de destruction dont l'homme ait fait preuve depuis des siècles. Que dans un monde livré à tous les déchirements de la violence, incapable d'aucun contrôle, indifférent à la justice et au simple bonheur des hommes, la science se consacre au meurtre organisé, personne sans doute, à moins d'idéalisme impénitent, ne songera à s'en étonner.
Ces découvertes doivent être enregistrées, commentées selon ce qu'elles sont, annoncées au monde pour que l'homme ait une juste idée de son destin. Mais entourer ces terribles révélations d'une littérature pittoresque ou humoristique, c'est ce qui n'est pas supportable.
Déjà, on ne respirait pas facilement dans ce monde torturé. Voici qu'une angoisse nouvelle nous est proposée, qui a toutes les chances d'être définitive. On offre sans doute à l'humanité sa dernière chance. Et ce peut être après tout le prétexte d'une édition spéciale. Mais ce devrait être plus sûrement le sujet de quelques réflexions et de beaucoup de silence.
(...)
Au reste, il est d'autres raisons d'accueillir avec réserve le roman d'anticipation que les journaux nous proposent. Quand on voit le rédacteur diplomatique de l'Agence Reuter annoncer que cette invention rend caducs les traités ou périmées les décisions mêmes de Potsdam, remarquer qu'il est indifférent que les Russes soient à Koenigsberg ou la Turquie aux Dardanelles, on ne peut se défendre de supposer à ce beau concert des intentions assez étrangères au désintéressement scientifique.
Qu'on nous entende bien. Si les Japonais capitulent après la destruction Hiroshima et par l'effet de l'intimidation, nous nous en réjouirons. Mais nous nous refusons à tirer d'une aussi grave nouvelle autre chose que la décision de plaider plus énergiquement encore en faveur d'une véritable société internationale où les grandes puissances n'auront pas de droits supérieurs aux petites et aux moyennes nations, où la guerre, fléau devenu définitif par le seul effet de l'intelligence humaine, ne dépendra plus des appétits ou des doctrines de tel ou tel État.
Devant les perspectives terrifiantes qui s'ouvrent à l'humanité, nous apercevons encore mieux que la paix est le seul combat qui vaille d'être mené. Ce n'est plus une prière, mais un ordre qui doit monter des peuples vers les gouvernements, l'ordre de choisir définitivement entre l'enfer et la raison. »

source :Albert Camus, éditorial de « Combat », 8 août 1945