dimanche 25 décembre 2016

http://denis-langlois.fr/Les-partageux-ne-meurent-jamais, deuxième partie

Archives d'Histoire, la mobilisation en France contre la première guerre du Golfe Les archives de Maître Henri Langlois, avocat et militant pacifiste ( deuxième partie )





Alors que la guerre est imminente, la mobilisation contre la guerre prend une nouvelle ampleur.
Des militants de toutes tendances s'engagent ensemble dans la préparation d'une immense manifestation
Le sentiment d'urgence et d'angoisse saisit tout le monde face à l'horreur prévisible annoncée par le déploiement de l'armada américaine
Mitterrand, avec le soutien du Parti socialiste, a choisi clairement le parti de la guerre et de l'engagement auprès des américains




Dans le Golfe, les préparatifs de guerre s’accélèrent. De nouveaux porte-avions américains arrivent sur place. Le total des forces américaines se monte maintenant à près d’un demi-million de soldats. A Bagdad, les dernières ambassades occidentales encore ouvertes ferment leurs portes et évacuent leurs diplomates. Tous les Français se trouvant dans le Golfe sont priés de rentrer. On distribue des masques à gaz à ceux qui vivent en Jordanie. Les risques de guerre provoquent l’explosion des primes d’assurance des compagnies aériennes.
Javier Pérez de Cuellar, tente une dernière démarche en se rendant à Bagdad et rencontre Saddam Hussein. Aucun résultat. "Si vous êtes croyants, priez ", conclut le secrétaire général de l’ONU.



A Paris, le jeudi 10 janvier, l’appel des 75 organise une nouvelle Conférence de presse au Café du Croissant, afin d’annoncer la manifestation qui doit avoir lieu deux jours plus tard. Aucune commune mesure avec la précédente. Les journalistes se pressent dans la salle trop petite. Toutes les grandes chaînes de télévision sont représentées. L’ambiance est animée mais grave.
Denis Langlois qui préside rappelle que "C’est aux peuples que les puissants du monde ont déclaré la guerre, ce sont les peuples qu’ils trouveront massivement sur leur chemin. Aujourd’hui, les sinistres nuages de la guerre sont à nouveau au-dessus de nos têtes, la tuerie montre son mufle hideux, seule la sagesse et la volonté des opinions publiques peuvent encore empêcher la guerre. Plus que quelques jours pour stopper l’engrenage de la mort, mais tous ensemble, unis et solidaires, nous les citoyens, nous allons sauver la paix."



C’est un RAZ-DE-MARÉE. Jamais les pacifistes n’auraient pensé qu’ils seraient aussi nombreux. 200.000 à Paris. Un demi-million dans toute la France.
Il y avait tellement de monde au départ de la manifestation que le cortège a eu du mal à démarrer derrière une gigantesque banderole "Non à la Guerre". Les grands médias sont obligés de saluer cette mobilisation.
Les 75 avaient demandé à être reçu en délégation par le Président Mitterrand. Au début de la manifestation, un émissaire de l’Elysée est venu dire à Denis Langlois que la délégation serait reçue par le conseiller diplomatique Hennequin déjà rencontré. Réponse nette : Mitterrand ou personne. Devant l’ampleur du cortège l’émissaire revient un peu plus tard. Revirement : Le Président est d’accord pour recevoir la délégation. Il demande seulement la liste de ceux qui la composeront. Une vingtaine de noms sont donnés.
A la fin de la manifestation, les barrages de police s’ouvrent pour laisser passer la délégation. Mais, devant les grilles de l’Elysée, l’émissaire fait savoir que le Président ne recevra que quelques-uns des 75 dont les noms sont cochés. Il s’agit uniquement de personnalités que le Président connaît personnellement comme Gisèle Halimi qui fut députée apparentée socialiste et nommée par Mitterrand ambassadrice de France auprès de l’UNESCO. Denis Langlois et les principaux animateurs des 75 n’y figurent pas. Rapide conciliabule. Tout le monde sera reçu ou personne. L’émissaire fait à nouveau l’aller-retour. Un ou deux noms supplémentaires, mais toujours pas Denis Langlois. La décision des 75 est unanime et définitive, c’est non. (Par la suite, des ministres et conseillers de Mitterrand révéleront que ce jour-là devant l’ampleur des manifestations le Président a montré une vive inquiétude, ce qui explique ses atermoiements.)

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