mardi 10 juillet 2012

Conférence sociale,tous contents , mais pas pour les mêmes raisons


Conférence sociale,tous contents , mais pas pour les mêmes raisons




La première question qui mérite d'être posée est de savoir sur quels critères les uns et les autres peuvent juger de l’échec ou de la réussite de cette Conférence sociale
Il paraît évident que les attentes des travailleurs concernant l'emploi ,la sécurité sociale ,les salaires ou les retraites ne sont pas exactement les mêmes que celles de Mme Parisot
Une autre attente très forte était celle de l'Union européenne dont les recommandations adressées au gouvernement français préconisaient l'abaissement du coût du travail,la poursuite des réformes structurelles et l’achèvement des privatisations .
Dans les quelques jours qui ont précédé l'ouverture de la dite conférence,les déclarations des uns et des autres ,à gauche ou à droite,insistaient lourdement sur la réduction des déficits publics,la restauration de la compétitivité des entreprises par la réduction du coût du travail et autres réjouissances.
Une sorte de consensus paraissait établi sur ce qu'un peuple trop ignorant refusait de voir comme des évidences ,
Comme l'âne de la fable,la Sécurité sociale était ce pelé ,ce galeux tout venait tout le mal, dans un grand mouvement émancipateur il fallait libérer les patrons de cette charge insupportable .
La formule choisie était aussi exquise que polie et avait même un petit côté revendicatif,'la libération du travail ,
Il se trouve justement que la dite libération passait par la liquidation de la Sécu de 1945 qui instituait un salaire différé dont l'affectation était exclusivement le remboursement des soins, ,la construction d'hôpitaux publics,le versement d'allocations familiales et le financement des régimes de retraites
L'idée lumineuse était de libérer les patrons d'un fardeau de quelques centaines de milliards et d'en accabler les salariés sous la forme de l'impôt ,une double peine en quelque sorte
L'autre idée sur laquelle devait travailler la conférence sociale était de réformer et même liquider le système des retraites par répartition,ceci afin de 'sauver notre système de retraites ' comme diraient Fillon ou Chérèque
Bien entendu ,il s'agit d'augmenter la durée de cotisations,mais surtout remettre en cause son financement par les cotisations sociales.
Dans le monde de la concurrence libre et non faussée,dans le monde du Traité de Maastricht et du TSCG ,il n'y a pas de place pour une institution ouvrière qui alourdit le coût du travail et détourne des milliards qui seraient mieux utilisés par les spéculateurs et les assurances privées
Le MEDEF ajoutait une petite touche personnelle à ce charmant tableau ,revendiquant pour améliorer l'emploi de donner aux entreprises des droits élargis pour licencier,ce qui est d'une logique confondante



Tout cela était donc à l'ordre du jour de cette conférence 'sociale ' ,les organisations syndicales étaient invitées à s'associer à la liquidation de ce qui précisément fonde leur existence et leur légitimité
François Chérèque était convaincu avant même de venir et prêt à tout signer comme il l'est trop souvent,ce type doit dormir avec un stylo sous son oreiller ou dans la poche de son pyjama
Ils ont débattu pendant 2 jours ,les commissions se sont tenues et peu à peu une évidence est apparue,aucun des dirigeants syndicaux n'avait les moyens d'imposer à son organisation et à des millions de travailleurs une politique et des réformes qui remettent si brutalement et si totalement en cause les conditions d'existence de tout un peuple
Le gouvernement ,les ministres,les négociateurs, ceux qui s’apprêtent à ratifier le TSCG,ceux qui sont pressés et acculés par les exigences de l'Union européenne ,tous ceux là ont ressenti la même peur ,celle de devoir faire face à une explosion sociale et devant cette peur ils ont reculé
Certes ,rien n'est abandonné,ils n'ont renoncé à aucun de leurs objectifs,mais tout est renvoyé à des commissions,des concertations qui doivent s'ouvrir et dont le calendrier est fixé
Des experts vont être nommés,aussi indépendants et compétents que les experts qui voyaient des armes de destruction massive en Irak,chacun connaît déjà leurs conclusions qui par le plus providentiel des hasards vont correspondre aux exigences de Bruxelles,tout cela tout le monde le sait et le devine,
Nous n'avons gagné que du temps ,du temps pour défendre nos organisations syndicales et leur indépendance ,du temps pour combattre contre la ratification du TSCG,du temps pour que nos frères de Grèce ou d'Espagne donnent le signal de la révolte,du temps pour résister ,pour se battre et pour gagner

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